Les nouvelles boissons sans alcool

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L’eau gazeuse citronnée, le soda à la pêche ou le jus de tomate sont désormais loin d’être les seules alternatives proposées à ceux qui souhaitent laisser l’alcool de côté. Entre vins, spiritueux d’un nouveau genre et jus de fruits premium, quels sont ces nouveaux breuvages ?

Le célèbre slogan « Sans alcool, la fête est plus folle ! », lancé au milieu des années 90, n’a jamais eu autant de sens que ces dernières années. Selon une étude menée par le cabinet britannique IWSR, spécialisé dans les vins et spiritueux, le marché du sans alcool en France a connu une hausse de 20 % entre 2017 et 2018, puis de 30,5 % entre 2018 et 2019. De son côté, l’institut Businesscoot estime que le marché des spiritueux sans alcool dans notre pays a augmenté de 13 % en 2021 et que la hausse annuelle devrait être autour de 10 % jusqu’en 2025.

Un attrait pour les acteurs traditionnels

À la carte des bars et des restaurants, la liste des mocktails, ces cocktails sans alcool, s’étoffe. Pour suivre ces nouvelles tendances, le marché français des boissons sans ou à faible teneur en alcool s’est développé, notamment par le biais d’acteurs traditionnels lançant de nouveaux produits. C’est le cas de Pernod Ricard qui distribue, depuis 2021, Ceder’s, une boisson distillée qui a tout d’un gin… sans une goutte d’alcool ! Le breuvage reprend tous les codes des spiritueux et se décline en version Classic, mais aussi Wild, Pink Rose et Crisp, plus haut de gamme. Du côté du vin, les grands groupes ont aussi senti le filon, et ce parfois depuis longtemps. Freixenet Gratien, filiale française de Henkell Freixenet, premier producteur mondial de vins effervescents, commercialise depuis dix-sept ans Festillant, une alternative sans alcool, et a vu le marché évoluer. « À leurs débuts, nos produits s’adressaient aux personnes qui ne buvaient pas par contrainte, soit les femmes enceintes et celles qui avaient une contre-indication médicale. L’idée était de leur dire qu’elles pouvaient participer aux moments festifs avec une alternative plus adulte qu’un soda ou un jus de fruits. Depuis, ça a bien changé et le sans alcool résulte beaucoup plus d’un choix sur le moment », résume Frédérique Lenoir, directrice marketing et communication. Pour suivre la tendance, Festillant propose régulièrement de nouvelles saveurs, comme la pêche de vigne, dernière en date. Au printemps, une déclinaison spritz devrait être présentée.

Des paris audacieux

Guyome Simonnet, fondateur d’Optimae, jeune acteur sur le marché, a lui aussi identifié cette évolution et constate aujourd’hui que l’attente est forte. « Nos clients constituent un public composé notamment de personnes voulant varier leur consommation, et avec la volonté que celle-ci soit plus raisonnée. Pour les satisfaire, nous leur offrons un vrai temps de dégustation. » Réceptive à la tendance d’un mode de vie plus sain, la jeune génération a la particularité de moins boire que ses aînés. Cela ne l’empêche pas de vouloir profiter de moments de convivialité en toute modération, là où l’alcool coule parfois à flots. Pour répondre à cette demande, de nouveaux venus investissent le marché en proposant des produits audacieux. Parmi eux, Shogga, un catalyseur de saveurs et de superaliments issus de l’agriculture biologique : du concentré de gingembre, du curcuma, du poivre de Kampot, du citron, du sucre de canne, des herbes et des épices. Fruit de la frustration de ses créateurs de ne trouver aucune boisson adaptée les soirs où ils ne voulaient pas boire d’alcool, celle-ci trouve autant sa place dans un smoothie que dans un virgin bloody Mary ou une piña colada.

Un voyage gustatif

Cette frustration, Guyome Simmonet l’a lui aussi connue. Pour créer ses propres boissons, il s’est alors associé avec un distillateur cognaçais. « Je ne souhaitais pas un substitut de gin ou d’un autre spiritueux, mais quelque chose avec une identité propre. À partir d’un assemblage de distillats botaniques, sans aucun sucre, nous sommes partis sur une distillation lente pour atteindre une bonne puissance aromatique. L’idée était de travailler des plantes évoquant des destinations mythiques. » C’est ainsi que sont nées Atlantis et Babylon Garden – la première amenant à une exploration gustative entre l’Europe, l’Afrique et l’Amérique grâce à l’eucalyptus, au romarin, aux baies de Jamaïque et à une touche de poivre ; la seconde conduisant dans les jardins du Moyen-Orient avec la cardamome, la camomille et la bergamote. Moins de deux ans après leur lancement, les boissons d’Optimae se font leur place dans les épiceries fines ou les caves qui s’ouvrent de plus en plus au sans alcool. « J’ai aussi voulu que ce produit aille sur de belles tables et que les chefs puissent s’amuser avec, comme Philippe Etchebest qui sert le Babylon Garden en accord mets/cocktail à Maison Nouvelle à Bordeaux. » En apéritif, on peut l’associer à du tonic et une rondelle de citron, ou, pour un cocktail gourmand, ajouter à une dose d’Atlantis, du sirop de pêche, du ginger ale et du jus de citron vert. « Certains m’ont même dit que ça passait très bien en digestif avec beaucoup de glace », s’étonne Guyome Simmonet qui n’avait jamais pensé à cet usage. Avec ou sans alcool, la créativité est toujours de mise.

© Denis Novikov_GettyImages

Cet article est issu du Gourmand 489.

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Sourcegourmand.viepratique.fr

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