Emballages consignés : le retour en grâce ?

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Mettre en place progressivement un système de consigne de verre (lavable et réutilisable) jusqu’à généralisation en 2025 : c’était l’une des propositions portées en 2020 par la Convention citoyenne pour le climat, dont la mission était d’envisager des mesures permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40 % d’ici 2030.

Un an plus tard, la loi Climat et résilience, dont les dispositions sont inspirées des propositions de la Convention citoyenne, ne suivait pas cette recommandation. À la place ? La possibilité de développer la consigne pour réutiliser les bouteilles en verre, si le bilan environnemental de la mesure s’avérait meilleur que celui du recyclage. Et sans mention d’une quelconque échéance.

Pour l’association Zero Waste France, l’arsenal législatif ne va pas assez loin : « Au vu de l’urgence environnementale, il n’est plus temps de proposer des demi-mesures, mais bien de tracer une trajectoire claire et concrète en faveur du déploiement de ces systèmes [la consigne pour réemploi et la vente en vrac, ndlr] plus soutenables. »

 Un engagement écologique

« Consigner, c’est donner une valeur financière à un emballage afin qu’il ne soit ni jeté ni recyclé, mais remis en circulation. L’emballage est collecté et lavé pour être utilisé à nouveau, ce qui permet d’éviter la création d’un déchet », explique le Réseau consigne. Dans les faits, le consommateur paie à l’achat une somme supplémentaire qui lui est restituée lorsqu’il ramène l’emballage sur le point de collecte. Ce système permet de « compenser » l’impact initial de la fabrication d’un emballage et d’éviter l’extraction de nouvelles ressources nécessaires à sa production. Selon une étude menée par Zero Waste Europe et Reloop, le réemploi des emballages en verre permet de faire diminuer de 85 % les émissions de gaz à effet de serre par rapport à leurs équivalents à usage unique, de 75 % vis-à-vis des emballages uniques en plastique et de 57 % pour ceux en aluminium.

Le come-back ?

Jusque dans les années 80, le système de consigne de réemploi pour les bouteilles en verre était largement dominant. « Progressivement, la multiplication des plastiques à usage unique a changé la donne, sans que l’on se rende compte des impacts environnementaux de ces emballages. La consigne est seulement restée présente dans le circuit des cafés et restaurants, et en Alsace », explique Alice Abbat, coordinatrice du Réseau consigne.

Aujourd’hui, ce mode de fonctionnement semble faire petit à petit son retour, notamment sous l’impulsion des consommateurs : selon un sondage Ifop de 2019, 88 % des Français souhaitent la mise en place d’un système de consigne permettant le réemploi des bouteilles et emballages, et autant sont favorables à l’interdiction des produits et emballages plastique non recyclables.

Des exemples qui fonctionnent

Poussées par les consommateurs, les marques et les entreprises sont de plus en plus nombreuses à s’y (re)mettre, même si elles n’y sont pas (encore) contraintes par la loi et que cela nécessite quelques efforts. « Il leur faut mettre en place une nouvelle organisation, car cela demande de changer son mode de fonctionnement. Mais ce n’est pas un défi impossible à relever, plusieurs entreprises s’y mettent et sont pleinement satisfaites de ce système », explique Alice Abbat.

Dans le Sud-Ouest, la start-up NoWW, spécialiste de la consigne, a noué un partenariat avec un hypermarché Leclerc du Tarn et un Intermarché du Lot-et-Garonne. Concrètement, des contenants consignés et réutilisables sont proposés aux clients dans les rayons boucherie, poissonnerie et traiteur. Le client paie en caisse le montant de la consigne, rapporte, après usage, le contenant dans une machine dédiée installée dans le magasin, et le montant de sa consigne lui est recrédité (par bon d’achat, avantage sur la carte de fidélité, don à une association…).

Chez Biocoop, 173 magasins proposent des points de collecte pour le réemploi des emballages en verre : les bouteilles sont stockées en réserve jusqu’à ce qu’un partenaire local les récupère, les lave puis les commercialise pour réemploi chez un conditionneur local. En bout de chaîne, les produits consignés sont identifiés dans les rayons du magasin par le logo du Réseau consigne. Doucement, mais sûrement, la consigne semble bien partie pour se refaire une place dans notre quotidien.

© markus-spiske-unsplash

Cet article est issu du Gourmand 481.

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Sourcegourmand.viepratique.fr

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