Produits premier prix : que valent-ils vraiment ?

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Si le slogan d’Aimé Jacquet, « Ça ne coûte pas plus cher de bien manger », lancé dans une publicité pour les cafétérias Casino au début des années 2000, est resté dans les esprits, c’est peut-être parce qu’après deux crises économiques successives, le budget consacré à l’alimentation est toujours une préoccupation essentielle pour les Français. D’après une étude menée par YouGov début 2020, le prix est le premier critère regardé par les consommateurs au moment de faire leur choix, 73 % d’entre eux ayant ce réflexe. La conjoncture actuelle a bien confirmé cette tendance et explique aussi le succès toujours plus grand des magasins hard-discount, spécialisés dans les produits à prix réduit.

Petits prix et qualité recherchés

Dans les enseignes de la grande distribution, les produits premier prix restent en bas de rayon pour ne pas faire de l’ombre à ceux, plus onéreux, des grandes marques, qui ont leurs adeptes. « Il ne faut pas oublier que le budget alimentation est celui sur lequel on peut facilement arbitrer, contrairement à celui du logement qu’il est difficile de faire diminuer », déclare-t-on chez Système U, le groupement coopératif rassemblant les enseignes Hyper U, Super U, U Express et Utile, et qui a récemment relancé une gamme low cost.

Reste que ces dernières années, la qualité s’est de plus en plus invitée au menu, les consommateurs étant attentifs à ce qu’ils mettent dans leur assiette ; d’après la même étude YouGov citée précédemment, le critère de la qualité est plébiscité par 67 % des Français au moment d’acheter un produit. « C’est tout le paradoxe du consommateur citoyen d’aujourd’hui qui demande à la fois d’avoir une alimentation de meilleure qualité, sans additifs ni conservateurs, et se dirige dans le même temps vers les produits les plus économiques », constate le groupe Système U.

Des efforts réalisés

Premier prix et qualité sont-ils alors deux notions inconciliables ? Lorsqu’on trouve en rayon la vingtaine de bâtonnets de surimi vendue autour de 1,50 €, ou le grand bocal de compote de pomme à 0,75 €, la question se pose forcément. D’après la société d’études Ira, la différence de prix entre les produits dits « premier prix » et les grandes marques s’élève à environ 60 %.

« C’est comme lorsqu’on prend une Dacia et une BMW, s’amuse-t-on à comparer chez Système U. Il s’agit d’une voiture dans les deux cas, mais entre les deux, il n’y a pas la même qualité de service. Pour les produits alimentaires à petit prix, c’est pareil, il n’y a pas de miracle. Ces gammes répondent à une contrainte, un besoin d’économie, mais la qualité n’est pas forcément la même que sur un produit vendu plus cher. Gourmand et premier prix, ce n’est pas forcément évident. » Pour la diététicienne et nutritionniste Nathalie Morel, il ne faut cependant pas diaboliser les produits à bas prix, car tous ne sont pas à ranger dans le même panier. « On peut trouver un produit discount de meilleure composition qu’un de grande marque, et inversement. En général, les produits premier prix sont de qualité similaire aux autres. Les industriels ont fait beaucoup d’efforts ces dernières années pour améliorer la qualité de leurs produits avec une diminution des acides gras saturés (AGS), du sel, du sucre ou des additifs. » Sur le plan nutritionnel, la professionnelle assure qu’il n’y a pas vraiment de différence entre les produits premier prix et les autres, les deux contenant en général autant de lipides, de glucides et de sel. « Parfois, on note une présence de protéines légèrement inférieure pour les premiers prix, mais cela n’est pas problématique car la population française en consomme suffisamment, dans le cadre d’une alimentation équilibrée. »

Sensibiliser le consommateur

Pour expliquer l’écart de prix entre les produits low cost et ceux des grandes marques, Nathalie Morel concède cependant que les premiers cités peuvent présenter des différences au niveau des matières premières. Ainsi, il est plus fréquent que les références les moins chères soient fabriquées avec moins de produits nobles comme des viandes de qualité supérieure, ou que l’ingrédient principal soit présent en moins grande quantité. Chez Auchan, le ketchup premier prix est fabriqué à partir de 120 g de tomates pour 100 g de produit fini, contre 151 g chez Amora ; chez Intermarché, le surimi Top Budget contient 26 % de chair de poisson contre 43 % pour celui de Fleury Michon. Les économies sont aussi faites sur le packaging, souvent très épuré pour les premiers prix, et les marges prises par les enseignes sont en moyenne plus serrées que sur les marques standards.

Face à ces constatations, Nathalie Morel estime que le consommateur doit être sensibilisé à bien sélectionner un produit, quel que soit son prix, en se penchant notamment sur sa composition et le tableau des valeurs nutritionnelles : ceux avec le moins d’AGS, de sel et de sucre doivent être privilégiés, tout comme ceux dont la liste d’ingrédients est la plus courte. « Les produits premier prix ne sont pas forcément à éviter, il faut surtout bien les choisir ! »

© FERRANTRAITE_GETTYIMAGES

Sourcegourmand.viepratique.fr

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