Les dates de péremption, un système dépassé ?

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Une confusion perdurerait encore entre les deux types de dates pouvant être apposées par les fabricants sur leurs produits. D’un côté, il y a en effet la DLC, pour « date limite de consommation », soit une date impérative au-delà de laquelle le produit devient impropre à la consommation et « susceptible de présenter un danger pour la santé humaine », comme le souligne l’Association nationale des industries alimentaires (Ania). Cette date apparaît derrière la formule « à consommer jusqu’au » et concerne des produits souvent frais, dont ceux microbiologiquement plus fragiles comme la viande ou le poisson. Et, d’un autre côté, il y a la DDM, ou « date de durabilité minimale ». « Elle remplace, depuis 2015, la date limite de durabilité optimale, la DLUO, qui était trop souvent confondue avec la DLC », note l’Ania. Suivant la mention « à consommer de préférence jusqu’au », la DDM exprime une durabilité au-delà de laquelle le produit pourra encore être consommé sans risques, mais aura peut-être perdu en goût ou en texture. On la retrouve sur des produits secs d’épicerie – pâtes, riz, café, biscuits, condiments, céréales –, les conserves, les boissons, certains fromages et le beurre. Mais pas si simple d’évaluer, selon la nature du produit, combien de temps on peut encore le déguster après sa DDM. La DGCCRF* a tout de même indiqué la conduite à tenir selon le format de la date indiquée sur le paquet :

Incohérences et préférences culturelles

D’autant plus que les incohérences ne sont pas rares dans le système, d’après Luisa Ravoyard, de la start-up antigaspi Too Good to Go qui revalorise les invendus alimentaires en paniers surprise : « Lorsque l’on achète un fromage à la coupe, il n’a pas de date de péremption, mais sur sa version préemballée, oui. Les œufs ont une DCR – soit une date de consommation recommandée, qui est une sous-famille des DDM – de 28 jours après la ponte, mais personne ne peut expliquer pourquoi ! Et les dates ne sont pas uniquement fixées sur des critères sanitaires. Des dimensions culturelles et gustatives entrent en ligne de compte. Les yaourts vendus en Europe de l’Ouest ont par exemple une DLC plus courte qu’en Europe de l’Est, où on a plus l’habitude de consommer des produits fermentés, avec plus d’acidité », expose-t-elle.

Dans le prolongement de la loi Garot, première loi antigaspillage votée en France en 2016 et évoquant ces problèmes de dates, d’autres acteurs se sont toutefois emparés du problème, à l’image justement de la start-up Too Good to Go. « Après un livre blanc et une pétition lancée en 2018, nous sommes parvenus à faire signer, en janvier 2020, un pacte de 10 engagements sur les dates de consommation à 62 acteurs du monde alimentaire, dont des distributeurs, de grands groupes de l’agroalimentaire, des associations de consommateurs, et même le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation et celui de la Transition écologique », expose Luisa Ravoyard.

En attendant la loi, fiez-vous à vos sens !

Parmi les engagements-phares, il y a l’apposition des pictogrammes « Observez, sentez, dégustez » sur les produits à DDM, incitant à faire appel à ses sens avant de jeter le produit. Aujourd’hui, 3 000 gammes de produits affichent ces pictos, dont la plupart de très grande consommation. Autre engagement, la création de rayons antigaspi chez les distributeurs, qui consistent à regrouper dans un même espace des produits à DLC courte et à DDM courte ou dépassée, à prix réduit. En France, 600 rayons de ce type sont répertoriés à ce jour. À noter aussi que Danone a remplacé la DLC des yaourts brassés bio de sa marque Les Deux Vaches par une DDM. « La Commission européenne devrait par ailleurs proposer, d’ici fin 2022, une révision des règles encadrant les dates de durabilité. Des travaux sont en cours afin de déterminer la meilleure manière de les exprimer en termes de dénomination, de format et de présentation visuelle », certifie l’Ania.

* Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes.

Experts : Ania (Association nationale des industries alimentaires) et Luisa Ravoyard, de la start-up Too Good to Go – Sources : DGCCRF.

© EdNurg_AdobeStock

Sourcegourmand.viepratique.fr

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