États-Unis : un prof renvoyé après avoir demandé à ses élèves de rédiger leur nécrologie

Le professeur voulait parler à ses lycéens « du monde dans lequel ils vivent », quelques jours après une tuerie dans une école primaire de Nashville.

Par N.J. avec AFP

C’est un devoir pas commun qui lui aura coûté son poste. Cette semaine, un professeur de psychologie américain avait donné pour seule consigne à ses lycéens : « Aujourd’hui était le dernier jour de votre vie, écrivez votre nécrologie. » Jeffrey Keene, 63 ans, a été congédié par son établissement, situé près d’Orlando, en Floride. Dans un communiqué, les autorités scolaires lui reprochent d’avoir donné un « devoir inapproprié » à ses élèves.

Sur sa page Facebook, il a expliqué avoir voulu lier son cours à un exercice destiné à préparer les élèves au risque d’intrusion d’un individu armé dans leur lycée, quelques jours après qu’une jeune femme a tué trois enfants et trois adultes dans une école primaire de Nashville. Le professeur a ainsi demandé à ses élèves de coucher sur papier leurs « impressions » liées à cette simulation et de réfléchir aux causes de la répétition des tueries aux États-Unis, à leurs possibles remèdes et donc, d’imaginer leur biographie post-mortem.

Depuis 2020, 4 368 mineurs tués par armes à feu

« Abasourdi » par son licenciement, il s’est défendu sur les télévisions locales. « Je parlais aux élèves du monde dans lequel ils vivent, d’armes à feu, de tireurs… » Et s’il a décidé de donner ce devoir-là, « ce n’était pas pour les effrayer ou leur faire penser qu’ils allaient mourir, mais pour les aider à comprendre ce qui est important dans leur vie ». Lors du devoir, une petite note précisait: « merci de prendre conscience […] qu’il ne s’agit absolument pas de vous perturber ».

Dans un pays régulièrement touché par les tueries par armes à feu, la question est un véritable serpent de mer et une majorité d’Américains reste très attachée au droit de porter une arme et ne veut pas entendre parler de réformes. Récemment, deux élus du Tennessee se sont fait expulser du parlement local pour s’être joints à des manifestants venus réclamer, dans l’hémicycle, de meilleures régulations sur les armes à feu après la tuerie de Nashville.

Depuis 2020, les armes à feu sont la principale cause de mortalité des mineurs américains (4 368 décès), devant les accidents de la route et les overdoses, selon les Centres de prévention et lutte contre les maladies (CDC). Et si les tueries en milieu scolaire n’en représentent qu’une infime partie, elles marquent davantage les esprits et relancent, incessamment, le débat sur le port d’arme.